Les vases bleu-blanc comptent parmi les porcelaines les plus recherchées des collectionneurs. Notamment quand elles datent de l’époque Jiajing (1522-1566), où la technique et les décors furent à leur apogée.
Avant de devenir emblématique de la porcelaine conçue en Chine, la couleur bleue y apparaît à l’époque Yuan (1279-1368), introduite par des marchands de l’Empire perse à la faveur de la route
de la soie. Au début, la technique est mal maîtrisée et les élites mongoles apprécient peu ces «bleu et blanc». Sous le règne des Ming (1368-1644), les choses évoluent. Cette couleur est désormais à la mode, d’autant que la technique se perfectionne. Si, auparavant, le fameux bleu de cobalt avait tendance à se mélanger au blanc de la porcelaine, donnant un aspect grisâtre et opaque aux pièces, celui posé sous couverte ressort beaucoup mieux sur le fond immaculé. À l’époque de Jiajing, les artisans découvrent de nouveaux pigments bleus sur le territoire chinois. Nommés huiqing, ils seront mélangés au bleu de cobalt pour offrir cette teinte céleste, aux reflets violets, si appréciée de l’empereur et de tout son pays. À l’image de notre vase à ouverture courte et rétrécie, ces pièces demeurent des objets de luxe, accessibles seulement à la famille royale et à ses proches. Magnifiant les banquets et symbolisant l’opulence, ces vases présentent des décors à la fois simples et riches de significations. Celui de ce vase est typique de la fin de l’époque Ming. Formé de huit médaillons, il représente des dragons à cinq griffes, phénix et grues parmi les nuages stylisés, entourés des emblèmes des huit immortels et de rinceaux feuillagés. À cette époque, les oiseaux remplacent les personnages tant dans les productions impériales que civiles. Le souverain essaie de se rapprocher de son peuple en mêlant les dragons et cinq griffes et phénix symboles impériaux aux grues motifs populaires créés à cette époque. Il souhaite également montrer son ouverture en matière religieuse, en associant des symboles des deux cultes, taoïste et bouddhiste : d’une part, la grue (qui est aussi symbole de longévité) et les emblèmes des immortels du tao (l’éventail, le tambour, la flûte, la double gourde, les castagnettes, l’épée, la corbeille de fleurs et le lotus), et d’autre part, la forme même de l’objet figurant une coloquinte, qui évoque l’histoire de la déesse Guanyin. Connue des Chinois depuis des millénaires, cette plante est également appréciée pour ses feuilles, dégustées en l’honneur des ancêtres, et pour ses qualités médicinales.