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Bicorne et bottes de cuir

Publié le , par Claire Papon
Vente le 29 novembre 2019 - 14:00 (CET) - Salle 1-7 - Hôtel Drouot - 75009

Amateurs de souvenirs historiques, à vos agendas ! Une paire de bottes portée par Napoléon Ier à Sainte-Hélène quitte une collection parisienne pour le feu des enchères.

Paire de bottes à l’écuyère attribuée à l’empereur Napoléon Ier, en maroquin noir... Bicorne et bottes de cuir
Paire de bottes à l’écuyère attribuée à l’empereur Napoléon Ier, en maroquin noir à semelles à petits talons, doublure de fine peau naturelle, avec ses deux tirants en toile tissée et rainurée, h. 48 cm, l. (du pied) : 26,5 cm env.
Estimation : 50 000/80 000 

Ces bottes dites «à l’écuyère», c’est-à-dire souples, à revers et montantes jusqu’aux genoux, font partie de l’image mythique du «petit caporal» en campagne, au même titre que son bicorne et sa redingote grise. À sa mort, elles sont prêtées par le général Bertrand (1773-1844), compagnon de l’Empereur à Sainte-Hélène, au sculpteur Carlo Marochetti (1805-1867) pour les besoins d’une statue équestre de Napoléon destinée à l’esplanade des Invalides, mais dont la commande est finalement annulée en 1853. Elles passent ensuite au fils de l’artiste, Maurizio Marochetti, puis à Paul Le Roux (1850-1923), sénateur de la Vendée, dans la famille duquel elles sont restées jusqu’à ce jour. En 1936, elles figurent à l’exposition «Gros et ses élèves» au Petit Palais. Né à Turin, ville française du département du Pô sous le premier Empire, Marochetti, artiste parmi les plus en vue de la monarchie de Juillet, a comme maîtres François-Joseph Bosio et le baron Antoine-Jean Gros à l’École des beaux-arts de Paris. Le musée des beaux-arts de Montréal possède une paire de bottes de modèle et de fabrication similaires aux nôtres. Au détail près, semble-t-il, qu’il s’agisse de coutures de renfort et d’un talon bas. Elles aussi sont attribuées au bottier Jacques, rue Montmartre, fournisseur de l’Empereur. Pendant le premier trimestre de l’an XIII (automne 1804), Jacques lui fournit, en plus de nombreuses paires de souliers, escarpins, mules et pantoufles, dix paires de bottes à l’écuyère, doublées de molleton et peluche de soie, pour la somme de 800 francs. Les commandes se succèdent de souliers en tout genre, mais aussi de bottes doublées de soie sur toute leur hauteur, à 80 francs la paire. Le chausseur racontait que Napoléon avait la mauvaise habitude d’attiser le feu des bivouacs avec le bout de ses bottes. Une vilaine manie, mais un atout pour les collectionneurs de souvenirs historiques qui verront là l’empreinte du célèbre corse…