Fasciné par la danse et le théâtre, Edgar Degas est passé maître dans l’art de traduire l’ambiance du spectacle, de la scène et de ses coulisses, comme le montre ce dessin.
Édouard Manet disait de lui, dans une lettre à Henri Fantin-Latour en 1868, qu’il était le «peintre des danseuses». L’exposition du musée d’Orsay (jusqu’au 19 janvier 2020), «Degas à l’Opéra», rappelle comment, des années 1860 à 1900, il en a exploré les divers espaces, et s’est attaché ceux qui les peuplèrent : chanteurs, musiciens de l’orchestre, spectateurs et bien sûr danseuses. Comme il peut assister aux classes, aux répétitions, aux représentations et au repos des ballerines, l’artiste connaît bien le dur entraînement qui se cache derrière l’apparente facilité des gestes et les sourires affichés sur la scène. Rares cependant sont ses œuvres illustrant leur triomphe lors des représentations. Dessinateur exigeant, Degas analyse inlassablement les rythmes et les tensions des corps, invente un vocabulaire presque illimité de poses. Ces Quatre danseuses évoluant sont un exemple de son talent à saisir ces instants d’intimité, de concentration. À la fin des années 1880, il travaille essentiellement le dessin au fusain, sur des formats plus grands que les traditionnelles feuilles d’étude. Le papier calque lui permet de reprendre et d’affiner ses compositions tout en leur conservant leur spontanéité. Cette feuille porte la signature du peintre et non le cachet rouge de son atelier, à la différence de nombreux dessins sur lesquels il a été ajouté après sa mort. Une signature qui permet d’envisager qu’elle a été cédée ou offerte de son vivant à un proche ou à un collectionneur…