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Sculptures aux mille facettes

Publié le , par Sophie Reyssat
Vente le 17 novembre 2019 - 14:30 (CET) - 9, rue Carnot - 92370 Chaville

De Pompon à Fontana, d’Arman à la sculpture baoulé… l’inspiration ne manque pas.

Lucio Fontana (1899-1968), Concetto Spaziale, Natura, 1967, paire de sculptures en... Sculptures aux mille facettes
Lucio Fontana (1899-1968), Concetto Spaziale, Natura, 1967, paire de sculptures en bronze poli, chacune signée et numérotée, 26 22 cm.
Estimation : 80 000/120 000 

La sculpture constitue un volet majeur de cette dispersion, qui attirera également les amateurs de peinture moderne et contemporaine. Outre leur attrait esthétique, plusieurs pièces ont une histoire, comme cet Ours blanc de François Pompon, taillé de sa main dans le marbre de Carrare en 1928. L’artiste l’avait en effet offert à madame Leveillé, propriétaire d’une crèmerie rue Delambre, à Paris, où il avait coutume de se rendre en voisin ; client fidèle de ce commerce de bouche, il en avait également réalisé l’enseigne. Resté dans la famille jusqu’à ce jour, le plantigrade est la septième réplique en réduction  sur treize marbres répertoriés  de son monumental modèle pour le musée du Luxembourg, aujourd’hui au musée d’Orsay. Signée Lucio Fontana, la paire de bronzes reproduite est quant à elle restée dans la succession du galeriste James Wise, installé à Nice. Il faut dépasser l’apparente perfection du matériau, et revenir à la genèse des œuvres, pour comprendre pourquoi l’artiste les a baptisées «Nature». Elles dérivent en effet de sphères grossières modelées en terre, que l’artiste a entaillées ou perforées, à l’image de ses tableaux réalisés à la même époque, en 1959. Ces céramiques, mariant nature brute et intervention humaine, ont été transformées en précieux objets d’art par leur édition en bronze. L’art du détournement s’exprimera différemment avec Arman et, notamment, sa Vénus découpée par des scies, baptisée Marizibil, hommage à Apollinaire, une fonte de Bocquel éditée par la galerie Trigano en 1997 (15 000/25 000 €). Des bijoux aux colères, dix œuvres évoqueront le travail du chantre du nouveau réalisme : elles forment un ensemble réuni par un couple ayant noué des liens d’amitié avec l’artiste à New York, et dont Arman fréquentait la galerie d’art africain. Justement, venant de Côte d’Ivoire, une maternité baoulé sera elle aussi remarquée. Acquise en vente publique dans les années 1970, elle retrouve quatre décennies plus tard le chemin des enchères (10 000/15 000 €).