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Un tsunami photographique

Publié le , par Sylvain Alliod
Vente le 18 novembre 2019 - 14:30 (CET) - 70, rue Vendôme - 69006 Lyon

Il y a vingt ans, la Grande vague de Le Gray défrayait la chronique, propulsant son créateur au firmament. Elle opère aujourd’hui un retour avec ce tirage découvert chez un particulier.

Gustave Le Gray (1820-1884), Grande vague, Sète no 17, printemps 1857, tirage albuminé... Un tsunami photographique
Gustave Le Gray (1820-1884), Grande vague, Sète no 17, printemps 1857, tirage albuminé d’époque à partir de deux négatifs au collodion humide, contrecollé sur carton, épreuve : 34,5 41,6 cm. Estimation : 30 000/40 000 

Voilà une vue qui appartient autant à l’histoire de la photographie qu’à celle des enchères. On se souvient en effet de l’émoi provoqué par la vente d’une de ses épreuves, celle devenue mythique de la collection de Marie-Thérèse et André Jammes. C’était le 27 octobre 1999 à Londres et Gustave Le Gray, jusqu’alors connu essentiellement du petit cercle des amateurs de photographie dite «primitive», devenait une star mondiale. Cela en vertu d’un prix record : 507 500 £ (1 040 000 € en valeur actualisée). Pedigree en or, vente événement, tirage exceptionnel, fort engouement international pour l’expression de cette époque, tout concourait à faire de cette image la plus chère jamais vendue. Depuis, le marché a évolué et les grands formats de photographes contemporains, plus spectaculaires, ont désormais davantage la cote que les plus discrets daguerréotypes et autres tirages albuminés des débuts de l’histoire du médium. Mais la Grande vague, Sète, printemps 1857 reste une icône intemporelle, ici proposée dans un tirage découvert chez un particulier. Il semble avoir été peu exposé à la lumière et possède une tonalité et des contrastes qualifiés d’exceptionnels par l’expert Damien Voutay. D’abord daguerréotypiste, Gustave Le Gray se transforme en fin technicien en inventant le procédé du papier ciré sec et celui du collodion sur plaque de verre. Directrice du département des Estampes et de la Photographie de la Bibliothèque nationale de France, et spécialiste de la photographie primitive, Sylvie Aubenas relève que vers 1855-1856 l’homme «commence visiblement à délaisser l’expérimentation pour se tourner vers l’exploitation du savoir-faire acquis. Il ne participe plus que de loin en loin aux réunions et aux débats de la Société française de photographie, il ne publie plus de manuels ; mais il expose, il vend, et surtout il produit ses œuvres les plus spectaculaires, principalement au moyen du négatif sur verre au collodion». Encouragé par le succès remporté par son Brick au clair de lune, saisi en Normandie en 1856, il investira l’année suivante plus avant le genre de la marine dans le sud de la France. Le procédé du collodion permet un raccourcissement du temps de pose, mais ne résout pas le problème d’une saisie nette du ciel et de la mer. Le Gray va contourner la difficulté en prenant séparément les deux éléments et en imprimant les deux négatifs sur une même feuille. Outre une prouesse qui anticipe les manipulations numériques, il réalise la transposition en photographie d’un grand thème pictural, mais qu’il traite un peu à la manière d’un Courbet. Un pionnier d’une nouvelle technique et un artiste à part entière…
 

lundi 18 novembre 2019 - 14:30 (CET) -
70, rue Vendôme - 69006 Lyon
De Baecque et Associés