Présenté lors de l’Exposition universelle de 1889, ce vase dit de «Tristesse» renvoie aux sources d’inspiration du maître verrier : la nature et la poésie.
L’Exposition universelle de 1889 à Paris fut l’une des étapes vers la gloire pour Émile Gallé. Il y exposa dans trois disciplines différentes et obtint un grand prix pour ses verreries, une médaille d’or pour la céramique et une médaille d’argent pour le mobilier. Dans la Revue des deux mondes, Melchior de Vogüé définissait ainsi le Nancéien : «Artiste en tout ce qui lui tombe sous la main, en bois, en verre, en terre cuite ; mais surtout artiste en chimères, toujours prêt à les emprisonner dans le premier objet sur lequel il les saisit, table, bahut, bouteille ou pot de grès.» Chimères, sentiments et émotions, tel est le propos d’une série de vases de Gallé, dont les sujets symbolistes sont en phase avec cette fin de XIXe siècle. Tous de couleur sombre, ils sont souvent en cristal à deux couches, dont l’une, extérieure, en cristal hyalite noir, révèle des nuances en fonction de sa taille. Cette série évoque l’aspect funeste et la fragilité de la vie, un thème très prisé d’Émile Gallé, qui l’illustrait à travers ses représentations de papillons. On retrouve d’ailleurs l’un de ces éphémères sous la base martelée de notre vase, entouré des inscriptions gravées «Par-dessus la colline. Par-dessus la vallée. Shakespeare» (des vers tirés du Songe d’une nuit d’été), et de la signature («Émile Gallé, Nancy et E - Croix de Lorraine - G, Paris Exposition 1889»). La panse, quant à elle, est martelée et ornée de lépidoptères ainsi que d’un coléoptère longicorne gravés à la roue. Ce vase eut sans nul doute un beau succès auprès du public, friand de l’art novateur et personnel de Gallé. Trois exemplaires similaires sont d’ailleurs connus, conservés dans les collections du Suntory Museum of Art de Tokyo, de l’Hokkaido Museum of Modern Art de Sapporo et du Metropolitan Museum of Art de New York.
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