Près de deux cents numéros sont inscrits au catalogue de la vente de l’ancien banquier Pierre Moussa.
Disparu le 30 juin dernier à 97 ans, ce normalien et major de l’inspection des Finances a passé l’essentiel de sa carrière au sein de la Banque de Paris et des Pays-Bas. Pendant plus de soixante ans, il a fait preuve d’un engagement particulier pour le continent africain, et était «fasciné par la fulgurance des progrès technologiques qui permettent à l’homme de se projeter dans ce qui, hier encore, n’appartenait qu’au domaine du rêve», rappelle Michel Doulcet dans la préface du catalogue de vente. Sa collection est à son image : éclectique, constituée de coups de foudre, ouverte sur toutes les époques et les formes d’art. Des pastels de Maurice Denis et de Lucien Lévy-Dhurmer y côtoient un bronze de Joseph Csaky (Enfant, dit aussi composition cubiste ou cônes et sphères, 1920, fonte postérieure, 40 000/60 000 €), de l’art chinois, de l’orfèvrerie de Jean Després, une figure de patricienne romaine en marbre (8 000/10 000 €), un bas-relief en stuc d’un souverain maya (500-900 apr. J.-C., 10 000/15 000 €). Sans oublier un coffret (voir photo) et une coupe hexagonale de Jean Goulden, dans le plus pur esprit art déco. Cette dernière, en bronze argenté et émail champlevé, datée 1930, est estimée 20 000/30 000 €. Envoyé en tant que médecin à la campagne des Dardanelles (19 février 1915-9 janvier 1916), Goulden tombe malade et va passer sa convalescence parmi les moines du Mont-Athos. Il découvre les émaux byzantins. De retour à Paris, il se tourne vers l’art, s’installe dans le quartier de Montparnasse, où il rencontre Paul Jouve, François-Louis Schmied, dont il épousera la fille, Dolly, et Jean Dunand. Encouragé par ce dernier, il choisit d’explorer les techniques de l’émail cloisonné et champlevé. Entre 1921 et 1930, le spécialiste de la laque et l’artiste travailleront ensemble à une série de meubles destinés à l’intérieur ou à la famille de Jean Goulden. On estime à quatre-vingt-dix le nombre de boîtes qu’il a exécutées entre 1923 et 1933.