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Raffinement et exotisme dans l’orfèvrerie

Publié le , par Caroline Legrand
Vente le 21 octobre 2019 - 14:00 (CEST) - 155, cours Berriat, site Bouchayer-du-Viallet - 38000 Grenoble

Véritable petit bijou, cette boîte marie le travail de l’or émaillé et les laque japonais. Un tour de force signé d’un des plus grands orfèvres de son temps : Jean Ducrollay.

Maître orfèvre Jean Ducrollay (actif de 1734 à 1761), boîte montée à cage en or jaune,... Raffinement et exotisme dans l’orfèvrerie
Maître orfèvre Jean Ducrollay (actif de 1734 à 1761), boîte montée à cage en or jaune, à décor émaillé polychrome et panneaux de laque, 3,8 7,5 cm, Paris, 1753-1754.
Estimation : 30 000/40 000 

Daté de 1753-1754, voici un témoignage du luxe et du raffinement d’une époque, celle du règne de Louis XV, où l’art rocaille se laisse séduire par l’exotisme. Jean Ducrollay livrait ses boîtes, étuis et autres petits objets aux plus grands noms du royaume, à l’image de madame de Pompadour, qui possédait un moulin à café réalisé par ses soins, aujourd’hui conservé au musée du Louvre. Toujours à la pointe des tendances et des techniques, il se spécialisa dans les petites boîtes, composants incontournables des parures masculines et féminines au XVIIIe, et en particulier des tabatières, à l’image de la nôtre. Si ces dernières avaient, à l’origine, une fonction utilitaire (la poudre à tabac se diffusant largement en Europe aux XVIIIe et XIXe siècles), elles devinrent vite des signes extérieurs de richesse, des cadeaux prestigieux et même, déjà, des objets de collection. Jean Ducrollay en produisit dans les matériaux les plus riches, notamment le piqué et la laque d’Extrême-Orient. Son atelier était important et il sous-traitait également une partie du travail en fonction de la spécificité de chaque tâche. Ainsi le peintre sur émail Hamelin peignait-il les fleurs pour lui, comme ce fut peut-être le cas sur cette tabatière montée à cage en or. Cette dernière associe deux décors distincts : d’une part, l’émail polychrome sur les guirlandes de fleurs roses feuillagées, sur fond guilloché, au niveau du pourtour ; et d’autre part, les panneaux de laque maki-e sur chaque face, réalisés avec de la poudre dorée et de l’encre, figurant des paysages animés de pagodes et de cervidés. Une alliance inattendue, rendue possible grâce à la monture à cage permettant d’insérer les panneaux de laque, et qui provoque un intéressant contraste entre le relief de l’émail coloré et l’aspect lisse des laques. Jean Ducrollay se fournissait auprès du célèbre marchand-mercier Lazare Duvaux pour se procurer ces très prisés panneaux venus du Japon. On connaît d’autres exemples de boîtes, ainsi que des carnets, faits par Ducrollay dans cette technique, conservés notamment dans les collections du Metropolitan Museum et du musée Cognacq-Jay. Quand les arts français se marient pour le meilleur avec ceux d’Extrême-Orient…

tableaux régionaux et modernes, arts décoratifs du XXe, bijoux, objets de vitrine, mobilier, argenterie
lundi 21 octobre 2019 - 14:00 (CEST) -
155, cours Berriat, site Bouchayer-du-Viallet - 38000 Grenoble
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