L’âme des vieilles pierres

Les amateurs de belles pierres et de décors de jardin se souviennent des précédentes dispersions d’antiquités architecturales de la maison Origines, créée en 1992 par Samuel Roger. Après sa galerie parisienne de la rue des Saints-Pères, une ferme du XVIIIe siècle située près de Houdan, Le Four à chaux, a été l’écrin de ses matériaux anciens jusqu’à aujourd’hui. À la faveur de son déménagement dans la région bordelaise, allant de pair avec un nouveau projet dans la grande décoration, pas moins de six cents pièces prennent le chemin des enchères. En terre cuite, en grès, en marbre ou en fonte, la sculpture en ronde bosse y tiendra une place de choix. Les élégantes effigies des quatre saisons (6 000/8 000 €), qui peuplaient les jardins des XVIIIe et XIXe siècles, côtoieront ainsi des œuvres réalisées sur des modèles de Christoph Franz Peter, Stephan Buxin, ou encore Galliard Sansonetti. Cet artiste nancéien, élève de Raphael Collin et de Geoffroy, a imaginé ce Cheval au galop, une fonte monumentale dont le musée de Pau possède une version en bronze de taille réduite. Les ciseaux des sculpteurs ont également transformé bien des éléments d’architecture en véritables œuvres d’art. Nombre de cheminées en témoignent, dans tous les styles, de la pièce art nouveau attribuée à Eugène Vallin (10 000/15 000 €) à la hotte au décor Louis XIII de la cheminée reproduite page de droite. Outre sa remarquable ornementation de cuirs découpés, de chutes de fruits retenus, de blasons, de personnages et de têtes de lion, celle-ci est exceptionnelle par sa provenance. Avant d’avoir été installée au château du Rocher, à Bolène, il semble en effet qu’elle ait initialement réchauffé le château de Grignan, dans la Drôme, où vécut la fille de la marquise de Sévigné. Elle en aurait été arrachée à la Révolution, vendue avec d’autres éléments architecturaux en 1793, ou récupérée ultérieurement, suite à l’abandon de la demeure…