La fantaisie préside dans une paire de toiles peintes par Hubert Robert sous le Directoire.
Contrairement à Jean Honoré Fragonard, Hubert Robert ne représente pas le jeu de la bascule avec une arrière-pensée de marivaudage. Ne s’intéressant ici qu’à la fantaisie et au pittoresque, il place des jeunes filles et un enfant sur une longue planche de bois, en équilibre instable sur un chapiteau de pierre. Les éléments d’architecture font partie intégrante des mises en scène de ses tableaux. L’artiste, qui a séjourné onze ans en Italie (de 1754 à 1765), s’est passionné pour les vestiges antiques. Il a d’ailleurs été à bonne école, fréquentant l’atelier de gravure de son aîné Piranèse, à Rome, et partageant avec lui un voyage à Cori pour observer les ruines étudiées par ce dernier, notamment pour son Antichità di Cora, édité en 1774. De quoi influencer toute une vie d’artiste. Hubert Robert n’a ainsi jamais cessé d’être inspiré par ses souvenirs italiens, comme en témoigne l’échappée du paysage laissant apercevoir le dôme de Saint-Pierre de Rome en arrière-plan. Il laisse néanmoins libre cours à son imagination, comme le prouve le portique au décor égyptien servant de mur de scène au spectacle de la vie quotidienne. Celle-ci est également mise en avant dans la toile en pendant, dont les personnages remplissent leurs cruches à une fontaine surmontée par L’Amour menaçant d’Étienne Maurice Falconet, l’une des plus célèbres sculptures du XVIIIe siècle.