Un samedi soir avec Romare Bearden

Si les collectionneurs français de cet artiste né en Caroline du Sud dans une famille aisée  son arrière-grand-père était un membre influent de la communauté noire, sa mère, journaliste au Chicago Defender  se comptent sur les doigts d’une main, les Américains sont friands de sa peinture. Le 6 juin 2018 (Ferri OVV), huit œuvres provenant de l’ancienne collection Fritz Salomon, un ami du peintre, recueillaient des enchères enthousiastes, la plus haute, à 259 120 €, récompensant une gouache des années 1940, The Rites of Spring. Une performance quand on sait que les meilleurs prix sont traditionnellement portés sur les œuvres plus récentes, non figuratives et souvent constituées de collages, technique la plus emblématique de son œuvre. Tous les espoirs sont donc permis pour Saturday Evening, mais aussi pour une aquarelle gouachée, probablement des années 1960, titrée Cavalier et modestement estimée 8 000/10 000 €. Comme ceux de l’an dernier, ces tableaux ont appartenu à Fritz Salomon. Après des études scientifiques, Bearden rejoint le Harlem Community Art Center. Dès 1940, sa première exposition personnelle montre la vie des Noirs sud-américains. En 1950, il fait un séjour de neuf mois à Paris pour étudier à la Sorbonne. Il se lie avec Picasso, Hélion, Lam, Brancusi… Quatre ans plus tard, il se lance dans la peinture abstraite puis dans le collage : le New York Times reconnaît en lui «l’auteur des collages les plus importants de la Nation».