Entre ses mains, le métal ondule, se courbe et s’anime. La preuve une fois de plus avec ce lampadaire issu d’un modèle créé vers 1950.
Le style original de Jean Royère lui a valu le succès de son vivant, et entretient aujourd’hui sa cote florissante aux enchères. Le décorateur a su faire preuve de modernité tout en restant raffiné, utiliser des ornements tout en conservant une ligne épurée. Par ailleurs, il fut l’un des derniers à créer aussi bien l’atmosphère d’un lieu que chacun de ses meubles. Une démarche unique qui plut immédiatement à ses clients. Ainsi, cet autodidacte, originaire du Havre, obtient-il sa première commande deux années seulement après son arrivée à Paris en 1931, à l’âge de 29 ans. Mais c’est après la guerre qu’il commence à se démarquer par l’utilisation de formes novatrices. Alors qu’il abandonne peu à peu le bois, le métal sous toutes ses formes devient son matériau de prédilection, aussi bien pour les piétements aux formes inédites de ses meubles que pour ses luminaires sinusoïdaux. Il ne cesse de surprendre et sait s’adapter en fonction des commanditaires. Bois, métal ou tissu, il fait son choix en fonction des endroits. «Les intérieurs réalisés par Jean Royère sont gais, jeunes et pleins d’innovations imprévues», écrivit un critique des années 1950, dans la revue Mobilier et décoration. Le croisillon, le chevron, la sphère, le trèfle ou le serpentin, tels sont quelques-uns de ses motifs décoratifs de prédilection, à la fois discrets et essentiels dans son travail. Dès ses premières années de création, l’ondulation se fait omniprésente dans ses œuvres, avec de nombreuses déclinaisons, comme, vers 1950, dans ce lampadaire à sept bras de lumière modèle Persane (voir Jean Royère par Pierre-Emmanuel Martin-Vivier, page 198, éditions Norma, 2002). Une variation sur fond d’exotisme à une époque où le designer se tourne vers une clientèle du Moyen-Orient avec la volonté d’ouvrir, après la guerre, des succursales au Liban, en Égypte, en Syrie et en Iran.