Eugène Boudin, des mots pour l’art

Parmi la centaine d’illustrés modernes qui ouvriront les enchères, les amateurs de belles pages seront séduits par la fantaisie d’Ilia Zdanevitch, dit Iliazd (1894-1975) : on lui doit la mise en pages de Poésie de mots inconnus, regroupant en cinq volumes des poésies sonores et visuelles conçues par des artistes de l’avant-garde russe et des personnalités du mouvement Dada, entre 1910 et 1948 (7 000/10 000 €). Les manuscrits constitueront cependant le clou de l’après-midi, avec près de deux tiers des numéros au catalogue. Ces lettres d’Eugène Boudin sont un précieux témoignage de sa conception du dessin et de la peinture. Elles ont été adressées au peintre Louis Braquaval, devenu un «petit maître» autodidacte après avoir exercé la profession de commissaire-priseur. Suite à leur rencontre en 1881, Boudin prodigue ses conseils à l’artiste en herbe, de trente ans son cadet, et l’encourage dans sa pratique du paysage en extérieur : «Vous devriez aussi pour vous habituer à bien saisir les massifs d’arbres, dessiner au fusain sur papier vos motifs. Vous en peignez ensuite sur une toile et vous rendez compte des valeurs et de la masse.» En 1898, alors qu’il s’exerce en plein air, Braquaval est abordé par Edgar Degas, qui va devenir son second mentor. Les lettres de ce dernier, proposées autour de 27 500 €, rappellent ses liens amicaux avec le couple Braquaval, de 1897 à 1908.