Au XVIIe siècle, les scènes de genre prennent leur indépendance dans les Pays-Bas sous l’influence de maîtres comme Frans Snyders et Joachim Beuckelaer. C’est dans la lignée de ces derniers que se situe Cornelis Jacobsz Delff, l’auteur de cet Intérieur de cuisine.
Ce tableau aux dimensions imposantes près 2 mètres de largeur porte au dos une ancienne attribution à Joachim Beucklaer. Elle est néanmoins aujourd’hui donnée à Cornelis Jacobsz Delff, au regard d’un autre tableau de ce dernier, de thème et de dimensions très proches, aujourd’hui conservé au Virginia Museum of Fine Arts à Richmond (États-Unis). Cornelis appartient à une célèbre dynastie de peintres flamands, menée par son père Jacob Willemsz Delff, spécialiste du portrait. Il fut d’ailleurs l’élève de celui-ci mais également de Cornelis van Haarlem, avant de devenir membre de la guilde de Saint-Luc en 1613. Spécialisé dans les scènes dites de «garde-manger», il s’inspire du travail de Beucklaer tout en instillant à ses compositions le maniérisme de son maître Van Haarlem. Les scènes de marché ou de cuisine vont au-delà de la simple nature morte et permettent une véritable immersion dans le quotidien des gens du peuple ou de la haute bourgeoisie. C’est le cas dans ce tableau : au premier plan, un homme s’approche avec insistance de la cuisinière, qui semble protester par un geste de la main. Tous deux sont entourés de nombreuses victuailles poisson, gibiers et raisins tandis qu’en arrière-plan, dans une autre pièce, se déroule une scène similaire dont les protagonistes sont plus richement vêtus. Deux mondes pas si éloignés qu’on pourrait le penser…