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Lot n° 13

MAINTENON (Françoise d’Aubigné, marquise de)....

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Non Communiqué
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MAINTENON (Françoise d’Aubigné, marquise de). LETTRE AUTOGRAPHE signée de son paraphe adressée au marquis de Villette. Saint-Germain, 5 avril [1681]. 13 pages in-4 sur 4 ff. doubles. Ces ff. avaient auparavant été reliés : anciennes et infimes traces de brochage et de colle en lisière intérieure des ff. LONGUE ET REMARQUABLE LETTRE DE LA MARQUISE DE MAINTENON (1635-1719) à son cousin Philippe de VALOIS, marquis de Villette (1632-1707), dans laquelle elle s’affiche comme un soutien du roi dans sa volonté d’éradiquer le protestantisme. À la fin de l’année 1680, la marquise de Maintenon fait enlever deux enfants de son cousin dont la famille est protestante, sa nièce Mademoiselle de Mursay et son frère aîné, afin de les convertir au catholicisme. « Je viens de recevoir deux lettres de vous et je voy avec douleur que la moins douce est la dernière cependant je ne men pleins point et avec tout autre que vous jessuyerois de plus grandes aigreurs je ne suis point trompée dans votre procédé et quoy qu’on mait pu dire jay soutenu que rien ne vous feroit emporter contre moy je connois votre tendresse et votre raison cest ce quil faut pour recevoir ce que jay fait de la manière dont vous le recevez Vous etes trop juste pour doutter du motif qui m’a fait agir celuy qui regarde Dieu est le premier mais sil eust esté seul dautres ames estoient aussy pretieuses pour luy que celle de vos enfans et jen aurois pu convertir qui m’auroient moins cousté. C’est donc lamitié que jay toute ma vie eüe pour vous qui m’a fait désirer avec ardeur de pouvoir faire quelque chose pour ce qui vous est le plus cher je me suis servie de vostre absence comme du seul temps ou jen pouvois venir a bout jay fait enlever vostre fille par limpatience de lavoir et leslever a mon gré et jay trompé et affligé Madame vostre femme pour quelle ne fust jamais soupçonnée par vous comme elle lauroit esté si je mestois servie de tout autre moyen pour lui demender ma niepce. Voilla mon cher cousin mes intentions qui sont bonnes et droittes qui ne peuvent estre soupçonnées dauqu’un interest et que vous ne sauriez desaprouver dans le mesme temps quelles vous affligent […] » Elle exhorte son cousin à lui rendre justice et à accepter cette preuve de tendresse « puisque je fasche celuy que jayme et que jestime pour servir des enfans que je ne puis tant aymer que luy ». La lettre que le marquis de Villette a écrite à son fils a fait pleurer tous les gens d’honneur et de sens à qui elle l’a montrée. Elle propose « ne traittons jamais de controverse et gouvernons vos enfans de concert ». Elle dresse ensuite un portrait du fils : « vostre fils a de lesprit et du sens il est doux bien né plein de bonnes intentions ambitieux hardy et en un mot je nay rien veü de mauvais en luy quune grande presomption trop remply de son merite tousjours occupé de luy jamais des autres questionnant tousjours trop grand parleur inquiet naymant pas la lecture et enfin tous les deffauts d’un homme qui a esté admiré » ; mais il s’est rapidement corrigé. « Je croyais laffliger en luy prosant lacademie et quil aurait de la peine a devenir escollier apres avoir esté officier sur sa bonne foy et depuis homme de cour cependant cest ou je vis son bon sens il en fut ravy et il sy conduit de façon que Bernardy me fait dire tous les jours quil na jamais vu de jeune homme si doux si sage et si apliqué que luy. Nous eusmes un petit demeslé sur ce que jexigeay quil ne sortit que pour venir a la cour je say la rigueur de cet ordre la mais je say aussy que rien ne luy seroit meilleur pour ce pays icy et quil ne peut estre trop sage sil veut plaire au Roy. Mr de Fourbin me lameine toutes les sepmaines cela luy est bon et plus utile que destre avec un prince du sang. Nous le laisserons a lacademie tant que vous le jugerez a propos escrivez luy souvent exigez quil vous reponde il escrit mal et est paresseux ladessus ». Sa fille possède les mêmes défauts que son frère mais est plus prompte à se corriger ; elle « se croit admirable ne songeant quà sa personne on la gattée ladessus par laveuglement des peres et des meres car assurément elle nest point belle et ne le sera pas. Du reste jen suis tres contente et pense fort a en faire une personne de merite ». La marquise assure vouloir la traiter comme sa fille et la garder près d’elle afin de lui donner « de lesprit de la raison et de la bonne grace. » Lorsque la marquise devra voyager elle placera sa nièce au couvent des Ursulines de Pontoise. Elle affirme ensuite ne pas vouloir rendre ses enfants à son cousin et souhaite au contraire qu’il lui confie les deux autres car « si Dieu conserve le Roy il ny aura pas un huguenot dans vingt ans. » Elle affirme à son cousin : « je ne vous ay point rendu de mauvais offices aupres du Roy et pleust a Dieu que vous neussiez pas pour le servir une exclusion insurmontable ». La marquise termine sa lettre en do

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