La Chine et le monde en grand format

Si chacun sait combien est immense l’empire du Milieu, nul ne pourra manquer toutefois d’être impressionné par le format de cette Carte complète du Grand Qing éternel avec tout ce qui est unifié sous le ciel, composée de 24 segments montés sur toile, et dont l’aspect unique tient à sa méthode d’impression, combinant les techniques yin (relief) et yang (taille-douce) de la gravure sur bois. Son intérêt lui vient aussi de sa teinte vert et orange – différente du bleu de celle de 1811 –, et de ses nombreux détails dont la Grande Muraille, les montagnes, les rivières et les mers, le désert de Gobi – matérialisé par une série de points –, les îles et pays en périphérie, les noms de lieux et les commentaires étant inscrits en chinois. Plus vagues sont les territoires étrangers. Ainsi de la Méditerranée et de l’Atlantique, de la Grande-Bretagne et des Pays-Bas, représentés sous forme d’îles… Si la chose peut faire sourire, précisons que notre carte est une version exécutée en 1814, basée sur une copie manuscrite de 1800, dont l’original a été réalisé vers 1767 et attribué à Huang Qianren (1694-1771) et dont aucun exemplaire ne subsiste. En bonne place dans cette dispersion de livres et de manuscrits dédiés à l’Asie, elle côtoie un ensemble de lettres de Victor Segalen (1878-1919) à son fils Yvon, un recueil de poèmes, deux dessins de Paul Gauguin et une étude préparatoire de William Bouguereau ayant appartenu au médecin, poète, explorateur, dont la Polynésie et la Chine furent les deux ailleurs…