Conservé dans la même famille depuis au moins deux générations, ce pastel évoque les nombreuses études préparatoires du maître sur l’un de ses sujets favoris : les enfants.
Provenant d’une collection particulière, son actuel propriétaire le tenant de son père, ce pastel apparaît sous le n° 1489 au Renoir, catalogue raisonné des tableaux, pastels, dessins et aquarelles de Guy-Patrice et Michel Dauberville, édité en 2009 par Bernheim-Jeune. Il se trouve également dans le catalogue d’Ambroise Vollard de 1918. Selon les premiers, cette œuvre proviendrait d’ailleurs de la collection du célèbre marchand. Il est à noter que le monogramme a été sans doute apposé postérieurement, ne figurant pas sur les photos anciennes. Auguste Renoir avait l’habitude de recouvrir des toiles et des feuilles de nombreux croquis dans l’optique de réaliser une œuvre, définitive ou non. Ces esquisses lui permettaient d’apprivoiser son modèle, d’envisager des compositions et des attitudes très naturelles, comme ici ce geste de poser sa tête sur sa main dans une attitude nonchalante. On y découvre aussi le coup de crayon du maître, sa manière raffinée et légère, particulièrement présente dans ses pastels : une technique qui s’accorde parfaitement à la période dite «nacrée» des années 1890, durant laquelle il renoue avec la touche, la lumière et les coloris en demi-teinte de l’impressionnisme. Le thème de l’enfance se fait aussi plus présent. Renoir a peu peint son premier fils, Pierre, mais il s’est fortement intéressé aux jeunes années de Jean et de Claude, leur imposant de longues et nombreuses séances de pose. Les impressionnistes s’ouvrent à ces nouveaux sujets, à la faveur de l’évolution d’une société qui, notamment dans les milieux aisés, s’intéresse désormais à ces êtres fragiles en perpétuelle évolution et sur lesquels on veille. Ils lisent, jouent du piano, se promènent dans un jardin, s’assoupissent… Le motif des deux jeunes filles, une blonde et une brune, s’adonnant à une même occupation devient également cher à Auguste Renoir à cette époque. Autant de moments de tendresse et de légèreté qui permettent une grande liberté dans le traitement pictural.